vendredi 2 mars 2018

L'oeuvre d'art matériau esthétique



Ce titre expose en peu de mots ce qui nourrit mon travail sur l'expérience esthétique. 
Je développe un peu ci-dessous.

Un jour, au lieu de réaliser mes projets d'art interactif, j'ai inversé l'objectif.
Les œuvres d'art qui m'interpellent allaient devenir mon matériau d'expérience esthétique, et par conséquent d'écriture en art.
Déjà à l'adolescence, en explorant un livre de René Huygue, intitulé L'art et l'Homme,  j'éprouvai un véritable punctum, comme Barthes nomme ce qui point et ce qui poigne.
La page couverture m'éblouit. Je tournai les pages en état de rêverie. Cette pensée fugace disparut aussitôt surgie. 
Elle a réapparu récemment. Je me demandais comment j'en étais arrivée à écrire sur l'art, et de cette manière. Dans les années 1990, parallèlement à ma carrière en communication, je couvrais des expositions à la demande d'un éditeur de revue d'art. J'avais le privilège de passer quelques heures dans le local d'exposition. Je contemplais les œuvres. Je m'en imbibais autant que possible. Venait un moment où l'œuvre me parlait. Je notais tout. Ensuite, je composais un texte au gré de l'inspiration. J’adorais produire ces textes courts.
Des années plus tard, avant et durant mes recherches doctorale et postdoctorale, j'ai publié des textes pour des revues intermédiaires et spécialisées, dont certaines comportaient des évaluations à l'aveugle. 
Mon travail est devenu plus laborieux. Forer aussi loin ne trouve pas toujours les mots pour le dire simplement.
Mon rapport à l'œuvre était toujours aussi intime, et il l'est encore. J'adore les quelques mots qui surgissent durant ma première approche. Des impressions, des états d'âme et des questionnements. Des figures, des formes, le mouvement, le rythme.
Ensuite tout un travail de réflexion et de recherche s'impose.
C'est un mouvement organique qui me captive, parfois me capture.
Au fil du temps, fréquenter l'art est devenu pour moi un laboratoire d’expérience esthétique, une véritable technique d'existence. Non pas exclusive au domaine de l'art car elle se loge quelque part dans le continuum entre art et vie.
D'ailleurs, à certaines conditions, les expériences de vie peuvent devenir esthétiques.
Mon rapport à l'écriture provient d’une nécessité intérieure. Celle de mettre en mots l'acte de connaître dès ses balbutiements.  Écrire ne va pas de soi. Il faut plusieurs étapes à mon texte pour devenir lisible. Il n'en demeure pas moins que ce labeur me procure souvent des moments de grâce. 
Partager l’acte de connaître et ses échos qui invitent une part du vaste savoir.
On me demande souvent ce que je fais dans la vie.
Je réponds toujours que j'écris, des textes, des articles, des manuscrits. Je donne des communications.
On me demande alors, sur quel sujet. 
Je réponds en art interactif et immersif. J’ajoute parfois en art climatique...
Et alors, j'ajoute sur l'expérience esthétique. Ah bon ?
Oui, ce que ça modifie dans la perception, dans le corps et dans l'expérience esthétique.
En fait, mes écrits sur l'art rattachent la critique d'art et la recherche, comme la trame et la chaîne. 
Ce ne sont pas des applications de notions scientifiques ou philosophiques, ce sont des activations de notions en affinité avec l'expérience éprouvée.
C'est ainsi que l'expérimentation de l’art, la critique et la recherche se conjoignent. 
Pour mettre en mots l’expérience esthétique, dans le sens d’aisthesis, la connaissance par les sens. Pour la partager. 


Ceci dit, j'écris aussi des textes créatifs, des nouvelles, des essais... 
Mais il y a si peu de temps dans une journée. Et la vie est si courte.

À suivre!


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